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On ne passe pas !

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Souvenir d'un coup de main

Ce trophée ne ressemble pas à grand-chose mais il s’agit bien d’un authentique « Souvenir » ramené par un poilu après une opération nocturne dans une tranchée de première ligne allemande.

Img 2222Img 2223Ce bout d’étoffe blanche taché de 40 cm sur 11,5 cm est malheureusement arrivé jusqu’à nous sans aucun élément permettant d’apporter des précisions sur les circonstances de sa découverte. Pour en savoir plus, nous disposons juste de l’inscription manuscrite suivante : « Souvenir du coup de main. Andechy le 24 / sept. 1916 ».

Img 2224Avec un peu de persévérance, nous pouvons cependant retrouver qui a été l’instigateur de ce coup de main et quel en était l’objectif. De fait, les mémoires de guerre du soldat Léopold Noé (Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc », 1980, p. 60) nous donnent une première piste. Ce dernier y note en effet : « 24 septembre 1916. Le 256e a fait un coup de main ; ils ont eu un tué, un blessé grièvement et un blessé légèrement, et un sergent alsacien, qui était de la patrouille, n’est pas revenu. On prétend qu’il n’a pas été tué, mais qu’il y est resté volontairement. »

Reste à savoir s’il s’agit bien du même coup de main. En l’occurrence, l’« Historique sommaire du 256e Régiment d’Infanterie pendant la guerre 1914-1918 » nous permet de vérifier que le régiment était bien stationné dans le secteur d’Andechy le 24 septembre 1916 et que : « Dans la nuit du 24 au 25 septembre, une reconnaissance offensive, conduite par le sous-lieutenant Jondot, pénètre dans les tranchées ennemies et en ramène du matériel. »

Le journal de marches et des opérations apporte quant à lui plus de précisions sur ce coup de main et confirme bien que les soldats ne ramenèrent pas que du matériel mais aussi des trophées :

« 24 Septembre

Continuation des tirs de destruction par notre artillerie ; nos pièces de 155 détruisent des abris de mitrailleuses ennemis et notre artillerie de campagne montre également une grande activité. Au milieu de la nuit, à la faveur d’un tir très violent de tous calibres de l’artillerie française, un détachement de volontaires commandés par le Sous-Lieutenant Jondot exécute un raid sur le petit poste allemand situé en 314 pendant qu’un 2° détachement de volontaires commandé par l’Adjudant Madeviello se précipite dans le petit poste ennemi situé en 317. Les Allemands occupant ces postes s’enfuient aussitôt vers leurs tranchées de 1° ligne où ils sont poursuivis par les nôtres.
Les 2 détachements reviennent après avoir épuisé toutes leurs grenades et rapportent dans nos lignes armes, pancarte et autres trophées abandonnés par les Allemands dans les petits postes 314 et 317.

Pertes : 1 tué 2 blessés. »

Nous en revenons à notre trophée qui provient bien de ce coup de main. Quant à savoir de quoi il s’agit : on peut penser à un fragment de drapeau ou de pansement tâché de sang mais malheureusement rien ne permet de l’affirmer…

Pour le petit complément, quelques mots sur l’héroïsme du sous-lieutenant Jondot, à l’origine de ce coup de main. Si l’on lit l’historique du 256ème RI, on peut constater que, avant de tomber au combat, ce dernier s’est en effet distingué à de nombreuses reprises par ses coups d’éclat.

Dès le 8 février 1915, l’homme, qui n’est encore qu’adjudant, se distingue déjà par sa bravoure : « Le 8 février, le capitaine Gouzien à la tête de la 24ème compagnie, s'emparait de l’ancien moulin de Cambrin, position avancée de l’ennemi au sud de la route de Lille, et des tranchées qui le défendaient Appuyés par un tir d'artillerie sur les deuxièmes lignes allemandes, et par des mitrailleuses, deux sections, sous les ordres du lieutenant Jacquelin et de l'adjudant Jondot, attaquaient la position de front ; les deux autres, commandées par le sous-lieutenant Prost et le sergent-major Lagandre, partant des maisons en ruine de la route de Lille l’abordaient de flanc. L’ensemble des tranchées tombe immédiatement en leur pouvoir, tandis que se produit un corps à corps ; l'adjudant Jondot abat lui-même plusieurs ennemis ; le sergent-major Lagandre tue à bout portant un soldat allemand qui luttait avec le lieutenant Jacquelin. Rapidement la garnison de l'ouvrage est anéantie, et l'organisation de la position conquise s’effectue malgré la violence du bombardement. »

Après le coup de main d’Andechy, celui qui, entre temps, a été élevé au grade de lieutenant, remet ça le 25 septembre 1917 : « Le 25 septembre ce sont les lieutenants Jondot et Zuber qui pénètrent dans Ies tranchées  ennemies devant Cormontreuil et infligent aux Allemands des pertes sévères, à la tête des volontaires du 7ème bataillon, auxquels, par une belle émulation, avaient tenu à se joindre 8 artilleurs du 248ème R.A.C. » et le 28 mai 1918 : « le 28 mai, le lieutenant Jondot, avec quelques volontaires, s’empare par surprise d’un granatenwerfer. »

C’est par une dernière action héroïque, le 8 juin 1918, que le lieutenant Jondot trouvera la mort : « Un peloton de la 21ème compagnie, envoyé en flanc-garde, tombe au milieu des masses ennemies qui s’avancent et est entièrement détruit. Le lieutenant Jondot qui le commande tombe héroïquement au cours d'une lutte désespérée. »

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