On ne passe pas !

On ne passe pas !

Le tabac

Il n'y a qu'à voir la place occupée par le briquet dans l'artisanat de tranchée pour évaluer l'importance du tabac pour les poilus et le commandement fait son possible pour que l’approvisionnement en soit continu.

Le tabac de troupe est distribué aux poilus tous les sept jours conditionné dans des paquets de 50 ou de 100 grammes sous forme de scaferlati (lanières finement tranchées), généralement fumé à la pipe. Les gros fumeurs ont la possibilité d’en acheter en supplément à faible prix.

Un paquet de scaferlati de 50 grammes
 destiné aux troupes

photo-071.jpg

photo-070.jpg

Ce tabac peut être conservé comme il est alors d'usage à la maison, dans un pot à tabac fabriqué directement sur le Front...

Un pot à tabac fabriqué à l'aide de deux douilles de 75

Dscn2590

Dscn2592

Mais cet usage ne peut se concevoir que pour un soldat qui dispose d'un espace personnel bien identifié et confortable : en tout état de cause, le poilu utilise avant tout une tabatière achetée à l'arrière ou, le plus souvent, un compartiment de cartouchière allemande découpée qui, passé au ceinturon, assure une utilisation facile.

Une blague à tabac fabriquée dans une cartouchière allemande

photo-082.jpg

photo-083.jpg

Une autre tabatière en corne destinée vraisemblablement, vue sa taille, à stocker le tabac à pipe

Dscn2049

Dscn2052

Cette dernière tabatière à côté de deux tabatières destinées à priser... La différence est flagrante...

Dscn2051

Si les hommes dans les tranchées fument beaucoup - ne serait-ce que pour masquer l'odeur effroyable des cadavres qui pourissent non loin d'eux - le tabac est encore en 1914, prisé par de nombreux hommes. Voici, ci-dessous, quelques tabatières destinées au tabac à priser que pouvaient emporter avec eux les poilus.

Deux tabatières en corne de modèle civil

photo-074.jpg

photo-073.jpg

Dscf2611

Dscf2610

 Une autre tabatière civile en bois exotique et en argent

Dscf2920

Dscf2921

Une tabatière dite "queue de rat". Son couvercle légèrement bombé s'emboîte dans le corps de la pièce principale taillée dans une branche de bouleau. L'ouverture se fait en tirant sur le lacet de cuir qui prolonge le couvercle

Dscf3854

Dscf3855

En plus du tabac, cinquante allumettes sont fournies par l’intendance tous les quinze jours. Leur usage dans les tranchées reste cependant limité par les intempéries et l’humidité ambiante. Ci-dessous une boîte d'allumettes suédoises (type 101 E) avec étiquette crème à 15 centimes, tarif en cours d'octobre 1917 à mai 1919, le prix étant auparavent à 10 centimes. Ces boîtes d'Allumettes Suédoises étaient plutôt destinées à la consommation générale en France, et ont probablement aussi été fournies à l'Armée pour laquelle deux types étaient livrés en priorité durant la guerre : les Allumettes TISONS (type 106) et les petites allumettes en cire dans des boîtes métalliques (type 20). 

Merci au site de philuménie (collection de boîtes d'allumettes) avpf.free.fr qui m'a permis de dater cette boîte d'allumettes et particulièrement à M. Marcel Krier qui a eu l'amabilité de répondre à ma demande d'identification et de m'apporter ces précisions sur les allumettes fournies aux soldats pendant le conflit.

Dscf2666

Une autre boîte de 50 allumettes paraffinées au phosphore amorphes (typre 191) à 5 centimes, utilisée entre 1901 et 1917

Dscf3852

Des pyrogènes portables en bois ou porte-allumettes, permettaient de protéger les allumettes de l'humidité ou d'éviter qu'elles ne s'enflamment de façon intempestive : les allumettes soufrées de l’époque, interdites aujourd’hui, s’enflammaient en effet par frottement sur n’importe quelle surface...

Dscf2439

Dscf2440

Sous l'étui, le grattoir...

Dscf2437

Le poilu préfère cependant utiliser le briquet, qu'il s'agisse de briquets à essence (souvent fabriqués par le poilu lui-même : voir la rubrique briquets de tranchée) ou de briquets à mèche d’amadou, idéals en extérieur par tous les temps.

Voici deux briquets à essence achetés à l'arrière, l'un en laiton et l'autre en aluminium, et portant la plaque de taxe du ministère des Finances : ce modèle de plaque a été créé durant l'été 1916 avec le profil de Mercure et les lettres C et I pour Contributions indirectes. (A propos de cette taxe, je vous invite à consulter la page suivante qui en dresse un tableau très précis et qui m'a aidé à rédiger cette rubrique : acellie.free.fr/les%2520taxes.html)

Dscf2340

Dscf2345

Dscn1041

Dscn1046

Un briquet de table manufacturé portant la même plaque de taxe des contributions indirectes.

photo-045.jpg

Ici bien visible avec un autre briquet arborant la même plaque.

photo-046.jpg

 Un briquet à amadou...

Dscf2363

... à comparer avec un autre briquet à amadou de marque le Perpetuus. Ce dernier possède la plaque fiscale en vigueur à l'époque. Vue sa taille (30 cm de long avec la mèche ainsi enroulée !), il s'agit plus vraisemblablement d'un briquet de table destiné à allumer les cigares que d'un briquet de poilu.

Dscf2368

Dscf2371

Pour finir sur les briquets de l'époque voici un briquet-tempête : la grille que l'on pouvait faire coulisser (on peut le voir en comparant les deux photos) permettait de protéger la flamme en cas de vent et de pouvoir allumer son briquet en toutes conditions.

Dscf3637

Dscf3638

La pipe, d’achat personnel, avec fourneau en bruyère et embout en corne est, elle aussi, parfaitement adaptée aux conditions de la guerre des tranchées et pratiquement inséparable du Poilu grâce à la chaleur que son fourneau procure. Des fourneaux en terre cuite sont aussi utilisés mais rapidement abandonnés car trop fragiles.

Dscf2432

Notez l'originalité de la pipe en terre cuite du modèle "Jacob" que certains poilus connaissaient bien.

Dscf2415

Dscf2416

Sur le turban, un bandeau porte la mention "JE SUIS LE BEAU JACOB", ce qui permet de différencier ce modèle de la marque Fiolet et Scouflaire, des pipes de Gambier, le créateur de la pipe Jacob ("JE SUIS LE VRAI JACOB") de Dutel Giclon ("LE NOUVEAU JACOB"), de Wideger ("VOILA LE BON JACOB") ou encore de Job Clerc ("JE SUIS LE BON JACOB")...

Dscf2418

Parmi les 3 pipes présentées, la plus petite, qui fut visiblement longuement utilisée, a été gravée d'une main pour le moins incertaine d'initiales (A. G.) d'une série de nombres (30 10 14) et d'une paire d'épées croisées... On peut aisément imaginer un poilu immortalisant ainsi son baptême du feu le 30 octobre 1914... à moins que la gravure soit le fait d'un maître d'armes puisque les épées croisées désignait encore en 1914 cette spécialité dans l'armée française...

Dscf2435

Dscf2423

Dscf2427

Deux autres pipes de poilu, finement gravées.

La première porte le monogramme AD, les dates 1914-15 et le dessin d'un lièvre.

Dscf4724

Dscf4723

Dscf4722

La seconde arbore l'inscription "CAMPAGNE 14-15-16" surmontant deux branches de laurier croisées et trois étoiles.

Dscf4863

Dscf4864

Les cigarettes, dont de nombreuses marques patriotiques fleurissent durant les hostilités, ont leurs amateurs aussi, mais elles ne sont pas encore d’usage courant. Elles sont encore en 1914 jugées efféminées par les hommes qui préférent le tabac à pipe. Cette idée va évoluer durant la guerre avec le papier à rouler mais sans pour autant détrôner la pipe. Ci-dessous, deux modèles de papier à cigarette utilisés durant le conflit : le papier JOB et le papier GOUDRON LA +

Dscf5662

Dscf5663

Dscf5664

Commentaires

  • Guyot François
    • 1. Guyot François Le 20/12/2023
    Bonjour, tout d'abord félicitations pour votre publication. Je collectionne les briquets de poilu et quelques objets qui tournent autour du tabac pour compléter ma collection. Pourriez vous me donner les dimensions des boîtes d'allumettes? En effet j'en ai quelques unes mais je n'arrive pas à les dater. Je recherche également un paquet de tabac de troupe, si vous avez. Bien cordialement.
  • Videau Tom
    • 2. Videau Tom Le 16/10/2020
    j'ai beaucoup apprecié je respecte votre travail bonne continuation

Ajouter un commentaire